Dire au revoir, un moment d'émotions parfois difficile à gérer.
Voyager permet de rencontrer très souvent des personnes extraordinaires, parfois inoubliables. Nous sommes toutes les deux d'accord sur le fait que c'est ce que nous apprécions le plus en
voyageant : aller à la rencontre de l'Autre.
Deux rencontres
Il existe deux formes de rencontres. Celles plutôt éphémères : le temps d'une heure, de quelques minutes ou instants.
Et les rencontres plus durables de personnes que nous avons côtoyées plusieurs jours, semaines voire mois.
Les deux peuvent laisser des souvenirs intenses.
Une rencontre éphémère est toujours surprenante. On se demande quel joli hasard (ou pas) à fait que nous nous sommes rencontrées à cet instant. Elle ne nécessite pas toujours de
beaux discours. Nous avons en tête quelques belles rencontres où ne parlions pas forcément la même langue
En Inde, nous avons rencontré une famille indienne qui voyageait en train. Nous ne pouvions discuter dans la même langue mais pourtant la connexion se fit immédiatement par des échanges des
sourires et rires, puis en nous montrant nos destinations sur nos billets. Finalement en nous attrapons les mains... Ce temps ne dura pas plus d'une heure et pourtant au moment de se quitter nos
regards sont restés en contact jusqu'au dernier moment. Nous étions tellement heureuses d'avoir pu les rencontrer.
Ces rencontres éphémères sont souvent fortes, mais elle ne se terminent généralement pas douloureusement, bien que les émotions soient présentes.
Aussi, il y a la rencontre plus durable, celle où nous prenons le temps de découvrir cette personne qui se trouve sur le chemin de notre voyage. Elle peut également nous
faire réfléchir sur la probabilité qu'on puisse un jour se rencontrer. Lorsque nous évoquons ces rencontres, il s'agit bien souvent des personnes (enfants et adultes) qui se trouvent dans les
associations dans lesquelles nous nous sommes impliquées. Nous avons choisi de rester suffisamment de temps auprès de ces associations pour justement prendre le temps de rencontrer, de
comprendre, de questionner, de découvrir chaque personne.
Alors, souvent un attachement réciproque nait. Nous sommes humains. L'être humain est fait de ressentis et d'émotions. En apprenant à connaître ces personnes, nous commençons également à
les apprécier et nous prenons le risque d'être triste de devoir nous en séparer.
Se rencontrer, puis se séparer : est-ce évitable en voyage ?
Après plusieurs séparations dans les larmes, nous nous sommes demandées si nous ne faisions parfois pas plus de mal en allant à la rencontre de ces personnes, de ces enfants, pour ensuite leur
imposer une séparation. Cela nous a questionné, notamment dans nos valeurs d'éducatrices de jeunes enfants. Nous arrivions dans leur quotidien, nous nous greffions à leur vie quelques semaines de
leurs vies, puis nous disparaissions. Comment rendre notre passage bénéfiques pour Eux si c'était pour terminer douloureusement ?
Néanmoins, en y réfléchissant, les personnes savent que nous sommes étrangères et de passage. Auprès des enfants, il nous paraît important d'évoquer régulièrement notre départ, pour les y
préparer.
Alors nous avons parfois choisi de reculer notre date de départ , mais les personnes doivent comprendre qu'elle est inévitable. Il ne s'agit pas d'une parenthèse dans leur vie, mais d'un moment
de leur vie où nous étions présentes. Il parait donc important de ne pas bousculer leurs habitudes et leur quotidien. A nous de nous y adapter le plus possible afin qu'à notre départ les enfants
ne subissent pas de trop gros changements, à l'exception de notre absence.
C'est pourquoi, en tant que personnes extérieures nous pouvons arriver avec des idées nouvelles, mais il parait essentiel qu'elles soient réfléchies avec les locaux pour qu'elles soient
réellement adaptées et adoptables à plus long terme, pour ne pas enchaîner rupture sur rupture.
Par exemple, dans les Maisons d'enfants où nous sommes aller en Inde, les enfants avaient des tâches quotidiennes à effectuer. Si nous avions décidé de mettre en plus des jeux à longueur de
journée, ce qui n'aurait pas du tout été adapté à leur quotidien, n'aurait-ce pas été trop difficile de retrouver leurs tâches quotidiennes suite à notre départ et à l'arrêt de tous les jeux ?
Nous sommes les étrangers. A nous de nous adapter et de comprendre l'environnement dans lequel nous nous trouvons.
Par contre, il nous paraît inévitable de se rencontrer et se séparer en voyage. C'est ce qui rend le voyage si riche et précieux. Aller à la rencontre de l'Autre est ce qui permet le
mieux d'apprendre sur un pays et sa culture.
Se séparer, pas toujours de la manière dont nous l’aurions souhaité ?
Le voyage est fait de nombreux imprévus qui nous demandent de nous adapter d'autant plus face à une culture différente de la notre. Ainsi, nous n'avons pas toujours pu se séparer comme nous
l'aurions imaginé.
A l'issue de deux mois d'implication dans l'association en Thaïlande, nous avons vécu une séparation assez particulière, aussi bien pour les enfants que pour nous.
De fait, alors que nous nous attendions à nous réunir tous ensemble afin de pouvoir saluer et embrasser les enfants, leur exprimer toute la joie que nous avions eu à les connaître ainsi que nos
vœux pour la suite de leurs vies, il n'en a pas été ainsi. La responsable avait considéré que les au revoir avait déjà été réalisé lors de chansons dédiées par les enfants la veille. Il n'était
aucunement utile, selon elle, qu'ils nous voient partir. Les enfants attendaient pourtant ce moment comme nous. Or, lorsque avons quitté les lieux, ils étaient en train de réaliser leurs tâches
ménagères. Certains nous ont vu descendre le chemin dans l'ambulance et se sont arrêtés dans leur nettoyage ne comprenant pas ce qu'il se passait. Nous partagions leurs désarrois désormais, de
loin. La responsable de l'association souhaitait préserver les enfants d'un choc émotionnel puisqu'ils s'étaient attachés à nous et cela était la meilleure manière selon elle. Cependant, est ce
que ne pas dire au revoir les protéger d'être triste de notre départ ?
En tant qu’Éducatrice, il est de nos valeurs de verbaliser les situations aux enfants afin qu'ils puissent les anticiper et également les accepter. Cette relation authentique que nous bâtissons
avec lui, favorise l'expression de ses émotions naturelles. Cela permet également de pouvoir l'accompagner dans ces moments sans qu'ils se sentent envahis. Il peut ainsi dépasser ce qui lui est
difficile. Il en ressort enrichi par l'expérience.
Dans cette situation précise, nous avons eu l'impression qu'il était nécessaire de cacher ce que chacun ressentait, faire semblant que nous n'avions pas vécu deux mois jours et nuits ensemble. Il
a été brutal de vivre cette situation. Cependant nous ne souhaitions pas défier la décision de la responsable car cela aurait créé une situation encore plus délicate pour les enfants.
Et si ces aux-revoirs étaient des adieux?
Alors nous avons dis au revoir, des centaines de fois, en (se) promettant parfois de revenir. Mais le temps passe, les enfants grandissent, et nous sommes
coincées en France. Et si des évènements nous empêchaient finalement de les revoir, et donc de tenir notre promesse ?
De plus, nous avons rencontré des personnes que nous aimerions beaucoup revoir, certes, mais est-ce que le voyage ne serait pas aussi être de passage sans retour, pour nous permettre de
s'enrichir d'autres cultures dans de prochaines escapades ?
L'essentiel est, à notre sens, de savoir s'écouter. Notre appel de nouvelles découverte dans d'autres pays est grand. Mais l'amour de ces précieuses rencontres l'est parfois encore plus.
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Rossi esther (mardi, 04 mai 2021 21:19)
Merci de votre partage , c'est très enrichissant et touchant. Je me rétrouve beaucoup dans tout ce que vous vivez . Je suis aussi une voyageuse , là où sont les enfants j'aime aller ... Mon dernier voyage était le Sénégal a M'bour, une partie de mon cœur est resté l'as bas ... Je vous souhaite encore 1000 voyages et bien plus de rencontres et de mains a tenir. Tous mes encouragements pour la suite �